Améliorer l'hygiène des équipements grâce aux... bactéries. Cette idée saugrenue a fait son chemin dans les laboratoires de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Massy où l'unité de recherche en bioadhésion et hygiène des matériaux s'intéresse de près à tout ce qui concerne les interactions entre les micro-organismes et les équipements de production. Les chercheurs partent d'un constat : qu'il s'agisse de tissus animaux, végétaux ou de matériaux inertes, les corps présents dans la nature sont sujets à un phénomène d'adhésion des micro-organismes qui s'accrochent sur leur surface puis se développent progressivement jusqu'à former une communauté compacte. Les scientifiques ont baptisé ce « tapis » de microbes un biofilm. Il en existe partout, sur les parois de notre intestin, sur les sols de notre appartement, dans les environnements industriels et a fortiori sur les surfaces des machines utilisées dans le process et le conditionnement de produits alimentaires.
Biofilm
Si la formation et la tenue du biofilm dépendent de plusieurs facteurs - morphologie des bactéries, rugosité de la surface, interactions électrostatiques -, les spécialistes de l'Inra ont surtout compris qu'il était possible de maîtriser son développement. De là est née l'idée de « bio-conditionner » les machines en utilisant des micro-organismes non pathogènes. L'intérêt ? « En colonisant les surfaces du matériel avec un biofilm positif nous pouvons diminuer l'accroche des bactéries dangereuses pour l'être humain », explique Marie-Noëlle Bellon-Fontaine, directeur de l'unité de recherche de l'Inra qui a présenté ses conclusions au congrès Apteq, à Paris le 8 octobre dernier. Restera à entretenir ce biofilm dans le temps en employant des désinfectants sélectifs. Et à optimiser sa composition en fonction des matériaux, de l'environnement et des applications. C'est tout le défi des chercheurs pour les prochaines années.