
Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, persiste et signe. Alors que cela fait plusieurs mois que la question de la dangerosité du bisphénol A (BPA) divise le monde scientifique, le député socialiste Gérard Bapt, président du groupe d'études « santé environnementale », avait demandé à la ministre, dans une lettre ouverte, que le dossier du BPA soit « reconsidéré » et que l'utilisation de biberons qui en contiennent soit bannie dans les crèches. Il estime à cet égard qu’il est nécessaire de modifier le dispositif de sécurité sanitaire. Roselyne Bachelot lui a répondu mercredi 10 juin en réaffirmant devant l'Assemblé nationale que des agences sanitaires avaient conclu, à la suite d’études « fiables », à l'« innocuité de ces conditionnements même en cas de chauffage ». La ministre avait déjà estimé, fin mars, qu’il n’y avait pas lieu d'appliquer le principe de précaution pour cette substance chimique utilisée dans la fabrication du plastique et accusée par certains scientifiques d'être un perturbateur endocrinien. « Quelques pays dont le Canada, ont interdit cette substance dans les biberons, non pas à la suite d'études scientifiques mais sous la pression de l'opinion publique et d'un certain nombre d'associations », a-t-elle indiqué. Elle a cependant rappelé qu'elle avait « créé il y a quelques mois un groupe de travail sur les perturbateurs endocriniens pour confirmer l’avis de ces différentes agences sanitaires » et qu'elle avait confié « une étude à l'Inserm » sur cette affaire pour prendre les mesures appropriées.
Nouvelles études. Ce nouvel épisode dans la polémique sur le BPA intervient alors qu'une équipe de chercheurs de l'Université de Cincinnati, aux Etats-Unis, vient d'enrichir une littérature scientifique déjà abondante sur le sujet avec une étude -présentée le 10 juin à Endo 09, le congrès annuel de la société d'endocrinologie, à Washington- selon laquelle le BPA provoque des anomalies cardiaques, en particulier chez la femme. Et une autre étude, menée par une équipe de l'école de médecine de l'Université de Yale, met en évidence, elle, des effets néfastes sur la fertilité. Des conclusions dont le Conseil américain de la chimie (ACC) rejettent la validité, accusant les auteurs d'avoir « ignoré certaines procédures scientifiques pour publier des communiqués de presse sensationnalistes ».