Administrateur à la Direction générale de la santé et de la protection des consommateurs de la Commission européenne, Luigi Rossi (lire 659) l'avait laissé entendre lors de la journée que le Laboratoire national d'essais (LNE) a consacré, le 1er avril dernier, aux matériaux d'emballages au contact des aliments : la Commission européenne prépare une nouvelle étape dans le processus d'harmonisation européen. Une nouvelle étape qui devrait être formalisée dès l'année prochaine par un règlement. C'est pourquoi l'annonce officielle et très argumentée (lire ci-contre) de la proposition de règlement de la Commission européenne constitue un premier pas significatif. La Commission propose, en effet, « une approche plus moderne du principe selon lequel il ne peut pas y avoir d'interaction entre les matériaux d'emballage et les aliments qu'ils contiennent. » Objectif : introduire « des emballages "actifs" et "intelligents" qui prolongent la durée de conservation d'un aliment ou fournissent des informations sur son état ». Et la Commission de préciser que « le nouveau règlement modifie considérablement la directive 89/109/CEE [...] qui définit les principes généraux applicables aux matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires. » Il s'agit donc bien d'une avancée déterminante. D'autant que le chantier des emballages actifs et intelligents a déjà été ouvert par les industriels. Ainsi, les absorbeurs d'oxygène et d'humidité sont des systèmes actifs et ils sont utilisés depuis des dizaines d'années. Dans les tubes d'aspirine, par exemple. L'Union européenne a, pour sa part, pris les devants en ce qui concerne les emballages intelligents. Le programme de recherche Actipack a, en effet, pour objectif d'évaluer l'efficacité et le degré d'acceptation par les consommateurs de ces emballages.
Décalage
L'assouplissement du principe d'inertie devrait enfin permettre de clarifier de nombreuses questions restées sans réponses. Car, s'il n'est pas toujours facile de définir ce que sont des emballages actifs et intelligents comme le montre le cas de l'atmosphère modifiée, il est encore plus difficile de s'entendre sur le « suffisamment inertes » de la directive 89/109/CEE.
S'il va de soi que l'emballage ne doit pas présenter « un danger pour la santé humaine », il est moins évident de détecter « une modification inacceptable de la composition des aliments ». A contrario, un emballage actif ne doit pas, sous prétexte de prolonger sa durée de vie, masquer les signaux connus - flores, couleurs, odeurs... - marquant l'altération d'un aliment.
Reste que les industriels européens se trouvent clairement en décalage avec, par exemple, les Japonais où l'usage d'emballages aux fonctions diverses et variées est très développé. Ce nouveau règlement devrait simplifier les choses.